USA : Bientôt une collecte généralisée des données personnelles des visiteurs étrangers ?

Auteure: Esther Prouzet, étudiante au cours DRT-6929E-A

Donald Trump a décidé d’encadrer plus strictement les conditions d’accès au sol américain ; Au-delà des deux décrets polémiques parus les 25 et 27 janvier dernier, le gouvernement américain s’interroge sur la manière la plus performante d’obtenir des informations sur les médias sociaux des visiteurs, ainsi que sur les contacts de leurs téléphones. En cas de refus, le visiteur se verra refuser l’accès au territoire américain. Certaines sources politiques ont déclaré à CNN que « le texte n’était pour le moment qu’au stade de la discussion préliminaire ».

En réalité, cette demande de communication des réseaux sociaux des visiteurs était déjà active (mais non effective), depuis fin 2016, dans le cadre de la procédure de demande d’ESTA (Electronic System for Travel Authorization). Les visiteurs « peuvent » déclarer leur présence en ligne sur certains réseaux. Il s’agit d’une faculté, non d’une obligation. C’est ce que le gouvernement veut changer en rendant obligatoire la communication d’informations.

Pourquoi augmenter la quantité de données recueillies auprès des voyageurs ?

Cette collecte vise naturellement à communiquer un grand nombre d’informations au département de la sécurité intérieure dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme et autres dangers. Directement en lien avec le Visa Waiver Program (VWP) qui tient son origine du 11 septembre et a pour préoccupation majeure la menace d’une migration économique et la sécurité, ces nouvelles données suivent le même raisonnement. En effet, ces champs supplémentaires dans la demande ESTA permettent d’identifier plus facilement les voyageurs afin de déterminer quel voyageur représente un risque potentiel pour la sécurité du territoire américain.

Quels sont les risques pour les voyageurs ayant confié ces données ?

 Ce traitement permettra à long terme de créer une immense base de données. Aucune règle encadrant la façon dont ces informations sont recueillies, traitées, conservées, n’est expliquée au visiteur qui les partage, le laissant ainsi dans une position vulnérable en termes d’information sur ses droits d’accès ou de contestation. « Aucune information n’est également donnée sur le partage de ses données avec d’autres services ou organismes », s’est inquiété Michael W. Macleod-Ball de l’Union des libertés civiles américaines à Washington.

Si l’argument de la sécurité nationale et de la menace terroriste est parfaitement louable, le respect du droit à la vie privée des visiteurs étrangers semble néanmoins menacé. D’autant que ces données semblent déjà possédées par les USA à travers le programme PRISM de surveillance électronique, dénoncé par Edward Snowden en 2013. Le but de ces futures mesures vise donc à pouvoir contrôler plus précisément et efficacement toutes les personnes qui vont séjourner ou séjournent aux USA.

La collecte des informations du téléphone portable est la nouveauté de loin la plus intrusive. L’Etat américain pourra ainsi procéder à une collecte de données vous concernant mais également collecter les données de l’ensemble de votre répertoire sans l’accord de ces derniers.

Attention donc aux informations partagées sur les fiches des contacts (adresse, mail, rappel d’anniversaire, code d’entrée dans l’immeuble où se situe leur appartement…). La collecte des données de vos contacts pourrait s’avérer plus liberticide que la collecte de vos propres données.

C’est sans craindre les dérives liées à cette collecte ; qui traitera ces données, qu’en est-il de la sécurité informatique de ces données, qu’adviendrait-il si les données faisaient l’objet d’un piratage ?

Le développement de réseaux cachés ou de faux comptes facebook ad hoc conçus uniquement pour la douane a de beaux jours devant lui. Il se développera afin de fournir aux américains ce qu’ils demandent tout en restant irréprochable et en gardant les informations de nature privées en dehors des serveurs américains…

Reste à savoir comment les pouvoirs américains feront pour démêler le vrai du faux ?

 

This content has been updated on February 6, 2017 at 8 h 36 min.