L’analyse des publications des étudiants sur les médiaux sociaux : une piste de solution pour diminuer la violence dans les écoles ou une violation de la vie privée?

Auteure: Roxane Fortin Lecompte, Étudiante au cours de DRT-6929E

Les actes de violence récents par une étudiante de 14 ans contre des employés et élèves de l’école secondaire Dunbarton à Pickering, Ontario porte sérieusement à réfléchir sur les solutions à mettre en place afin diminuer les attentats et actes de violence dans les écoles du pays puisque les policiers on révélé que des publications sur les réseaux sociaux ont laissé présager les intentions de l’étudiante.

Certaines écoles américaines, notamment les écoles publiques d’Orange County en Floride, utilisent actuellement l’application « Snaptrends », un outil d’analyse des médias sociaux qui a pour l’instant permis de sauver une vie. Selon l’administration de la compagnie ayant développé Snaptrends, cet outil serait très utile:

[b]ecause most students communicate via social media and are sharing so much about themselves and their intentions, their public posts and conversations often give officials valuable insight into potential issues before they happen.

L’application analyse par mots-clés les publications sur les médiaux sociaux et signale les situations potentiellement problématiques aux écoles concernées.

La tendance est divisée dans les écoles canadiennes, alors que certaines administrations scolaires considèrent que l’analyse d’aussi grandes quantités de données n’est pas proportionnelle au bénéfice recherché. La Toronto District School Board, commission scolaire de l’école visée par l’attaque de fin février ne planifie pas adhérer à « Safer Schools Together » (SST) et analyser les publications sur les médias sociaux de ses 245 000 étudiants. SST offre actuellement le service de collecte et analyse de données par l’utilisation de filtres, mots-clés et techniques de géolocalisations pour 25 écoles et/ou commission scolaire au Canada. Concernant la protection de la vie privée des étudiants, SST rappelle qu’ils utilisent seulement « open-source publicly available information [and] [o]nly relevant content is collected and disseminated to school safety designates ». Concernant la conservation des renseignements personnels recueillis, SST affirme :

There are specific limits on how long this data is retained before it is permanently destroyed. Reports will be destroyed from SST’s possession 30 days after receipt of the report is confirmed with the school district designate. We recommend to school districts that they destroy information relating to a pupil when the pupil turns 18 years of age or is no longer enrolled in the school district, whichever occurs first.

D’un point de vue juridique, quelles sont les conséquences de l’augmentation du taux d’utilisation d’outils comme Snaptrends ou de Worrisome Online Behaviour (WOB)? Premièrement, les écoles et commissions scolaires sont soumises à la Loi sur l’accès alors que les compagnies exploitant les outils d’analyses sont soumises aux lois applicables dans le secteur privé. Les renseignements recueillis par les différentes compagnies exploitant sont des renseignements personnels conformément aux critères l’article 2 de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé puisque « est un renseignement personnel, tout renseignement qui concerne une personne physique et permet de l’identifier » ainsi que de l’article 54 de la Loi sur l’accès. L’article 18.1 de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé prévoit

[qu’] une personne qui exploite une entreprise peut également communiquer un renseignement personnel contenu dans un dossier qu’elle détient sur autrui, sans le consentement des personnes concernées, en vue de prévenir un acte de violence, dont un suicide, lorsqu’il existe un motif raisonnable de croire qu’un danger imminent de mort ou de blessures graves menace une personne ou un groupe de personnes identifiable.

Il existe une disposition semblable dans la Loi sur l’accès qui prévoit l’intérêt sérieux et légitime que doit avoir un organisme pour recueillir des renseignements. Une fois le consentement obtenu, il nous semble donc possible d’argumenter que ces outils font partie d’une myriade de méthodes visant à assurer la sécurité dans les écoles et qu’il s’agit d’une des alternatives les moins attentatoires possible d’autant plus que les mesures sont prises dans l’intérêts des individus concernés par la collecte et communication de renseignements personnels.

Toutefois, certains auteurs ont rappelé que la surveillance constante des enfants par les différentes technologies « could limit children’s privacy and personal freedom, while encouraging them to accept surveillance ».  Questionné sur l’aspect éthique de la surveillance systématique des publications des étudiants, Andrew Clement, professeur à l’Université de Toronto pense « [that] there may be some occasions when monitoring by school authorities may be justified, but it should only be conducted under very delimited, transparent and accountable conditions ».

 

This content has been updated on March 30, 2016 at 7 h 41 min.