Les dangers des réseaux sociaux – Conseils et vie au travail

Interviewed as social media expert on the liability of employees blogging or posting content on online social networks

Les réseaux sociaux sont pratiques pour se faire de nouveaux «amis». Mais ces sites d’échanges peuvent aussi être traîtres et planter un poignard dans le dos des travailleurs, qu’ils soient employés ou patrons.

Une insulte de moins de 140 caractères à l’endroit de l’artiste Cœur de pirate sur Twitter et c’était fini : un animateur d’une station de radio au Saguenay a appris à la dure l’automne dernier qu’exprimer ses vues personnelles sur le Web se mariait difficilement avec sa vie professionnelle. Il a perdu son emploi sur-le-champ.

Un an plus tôt, dans la même région, une école secondaire du secteur Jonquière mettait à pied un enseignant à la suite de la circulation dans l’école d’une photo sur laquelle on le voyait lors d’une fête, une cigarette douteuse à la main. Des élèves avaient tiré l’image compromettante de la page Facebook du professeur.

De par le monde, les cas de cyberdéboires de travailleurs se multiplient. Et le Québec n’est pas en reste. En se dévoilant sur les réseaux sociaux, les travailleurs courent le risque de commettre des bourdes qui peuvent leur coûter leur gagne-pain, voire leur carrière. Mais les travailleurs ne sont pas les seuls éclaboussés. L’utilisation des réseaux sociaux constitue aussi une menace pour ceux qui les emploient. Perte de productivité, érosion de la réputation de leur entreprise et fuite d’informations stratégiques inquiètent de plus en plus de patrons. Et avec raison.

La popularité des réseaux sociaux et leur pouvoir de communication à grande échelle deviennent exponentiels. À lui seul, le site Facebook recense 3,5 millions d’abonnés au Québec. Et 96 % des travailleurs québécois considèrent les réseaux sociaux comme utiles à leur travail, selon un sondage d’Isatis Marketing. Il reste que seule une minorité d’employeurs réglementent pour l’instant leur utilisation.

Difficile de chiffrer le nombre de litiges professionnels liés à l’utilisation des réseaux sociaux au Québec. La Commission des normes du travail n’a reçu aucune plainte à ce sujet. Mais pour cet article, une dizaine de litiges professionnels liés à l’utilisation des réseaux sociaux ont été recensés dans les médias et auprès de bureaux d’avocats. Près de la moitié ont donné lieu à des sanctions, dont des congédiements. «L’obligation de loyauté envers son employeur est inscrite dans la loi, et toute critique publique envers lui peut être sanctionnée», explique Éloïse Gratton, avocate-conseil en droit des technologies de l’information au cabinet McMillan, à Montréal.

Cette tendance n’étonne guère Pierre Trudel, professeur en droit et technologies de l’information à l’Université de Montréal. Selon lui, les internautes ne réalisent pas assez le caractère public, immédiat et persistant de leurs actions sur le Web. «Ce qu’on ne montrerait pas à son patron dans le monde réel, on ne devrait pas le mettre sur Facebook.»

 
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This content has been updated on August 23, 2014 at 14 h 14 min.